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L’expression “nu” dans l’art renvoie quasiment systématiquement au nu féminin. Comme l’ont souligné en 1989, avec leur affiche “Do women have to be naked to get into the Met. Museum”, 85% des nus de la section art moderne étaient féminin (mais 5% seulement des artistes l’étaient). Une disparité évidente encore aujourd’hui, même si le sujet est moins tabou. Le Musée d’Orsay a ainsi organisé en 2013 une exposition totalement consacrée au nu masculin : si on peut aujourd’hui proposer une telle exposition, on ne peut que relever qu’une telle initiative au féminin aurait été bien inutile, le nu féminin étant déjà partout dans l’art.

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La photographie rends le nu masculin encore plus tabou. Si on l’accepte dans les tableaux sous prétexte de mythologie, la photographie, trop réaliste, dérange dans le cas du nu. Si le nu féminin se réhabilite bien vite, le nu masculin reste jusqu’au milieu du XX° un sujet marginal. Si le nu émerge dès le début de la photographie, le nu masculin ne suit que discrètement, dans l’intimité des collections privées.

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Il est nécessaire d’interroger son discours pour comprendre le tabou qui l’entoure et, plus encore, son existence en dépit de ce tabou. Nous allons l’interroger sous l’angle de la virilité et de sa représentation dans le nu masculin.

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Qu’est-ce que la virilité ? Selon P. Molinier, dans Welzer-Lang, 2000, il s’agit de deux choses : “Premièrement, les attributs sociaux associés aux hommes et au masculin : la force, le courage, la capacité à se battre, le droit à la violence et aux privilèges associés à la domination de celles, et ceux, qui ne sont pas, et ne peuvent être virils : femmes, enfants… Deuxièmement, la forme érectile de la sexualité masculine”. Il s’agit donc, avant tout, d’attributs masculins, souvent projetés en forme physique, ce qu’on va voir dans l’étude des photographies.

 

Pourquoi interroger la virilité ? C’est un attribut qui semble forcément associé à la masculinité, alors même que c’est un construit de genre qui justifie une étude. Dans Une pensée en mouvement, Françoise Héritier fait état de cette invisibilité de la virilité :“Le point aveugle de l’anthropologie se situe dans le questionnement du statut du masculin… et plus précisément du masculin adulte… la virilité adulte dont on ne parle pas.” Pourtant, la virilité, considérée comme attribut quasi innée de l’homme peut en dire beaucoup de choses, notamment lorsqu’elle est représentée.

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La photographie de nu masculin véhicule t-elle d’autres message que celle du nu “classique” ? Quelle est la place de la virilité dans ces représentations ?

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