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Le nu masculin photographique s’inscrit donc dans un long héritage de représentation, qui débute avec la statuaire grecque, érigée en modèle pour la plupart de l’histoire de l’art. De là découle une virilité certaine, musclée et jeune, de Dieu ou de héros. Cette virilité est très héroïque et traduit un idéal masculin fort et fier, qui perdure dans la photographie de nu masculin. Dans le même temps, un certain homoérotisme perdure lui aussi : hérité aussi de l’appréciation du corps masculin en tant qu’idéal de beauté et d’amour intellectuel de la grèce antique. La figure du jeune homme, notamment, est très utilisée dans le nu masculin. Elle traduit une appréciation esthétique du corps jeune. L’adolescent s’affirme dans sa dimension sexuelle, naissante et déjà explosive, dans des photographies d’une grande sensualité.

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D’autre part, l’image de la virilité très masculine, musclée et lisse, fait son apparition. Le nu se fait porte-parole d’une figure de l’homme très idéalisé, en contrôle. Le pénis, souvent tabou, s’affirme comme un symbole de puissance, en érection. La virilité est agressive, parfois, toujours dominante. Mais le pendant de cette vision est là aussi, à contre courant des attentes du masculin : la nudité montre alors la faiblesse, l’homme vraiment à nu. Il est blessé, perdu… Souvent passif. On voit déjà la remise en cause de cette attente de virilité demandée à l’homme, remplacée par de la sensibilité.

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Cette virilité est aussi remise en question par un regard différent porté sur le nu, qui contient plus de tendresse et d’acceptation d’hommes tels qu’ils sont, que ce soit le regard homosexuel ou féminin. La déconstruction du genre vient alors d’un regard libéré des stéréotypes de genre, et permettent d’éloigner la virilité du sujet masculin en le féminisant, ou de la transformer, la dépossédant de son rôle d’outil de domination.

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On voit toute la singularité d’un objet comme le nu masculin qui, par un sujet tabou, véhicule des discours différents de celui d’une majorité aux commandes d’un art plus classique, offrant une alternative aux représentations de genre stéréotypées. Aujourd’hui le nu masculin n’est plus vraiment tabou, -et encore, la première exposition sur le sujet date de 2013 et n’a pas vraiment été suivie-, et, s’il véhicule encore les choses dont nous avons parlé, il n’est plus besoin d’en faire une sorte de porte-parole pour lui même. Le nu a peut-être perdu son genre, et sert de porte-parole pour une représentation plus universelle.

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